Prima che sparisca dalla versoone on-line di Le Monde, vi mando questo articolo sulla nuova traduzione con testo originale a fronte, del Canone. Fra le notizie interessanti, si apprende che anche la versione Penguin non è fedele al 100% (versione americana con sostituzione di alcuni vocaboli ed espressioni). Saluti, Pasquale Russo.

Sherlock Holmes, version originelle LE MONDE DES LIVRES

l a fureté partout. Inspecté le plâtre des murs et les interstices du parquet à la loupe. Les deux détectives de Scotland Yard sont goguenards. Ils vont en être pour leurs frais. "Je vais vous dire quelque chose qui pourra vous aider, leur assène Sherlock Holmes. (...) Il y a eu meurtre, et l'assassin était un homme. Il mesure plus d'un mètre quatre-vingts, se trouve dans la force de l'âge, il a des petits pieds pour sa taille, porte de solides bottines à bout carré et fume des cigares de Trichinopoly. (...) Selon toute probabilité, le meurtrier a un visage rubicond, et les ongles de sa main droite sont particulièrement longs. Ce ne sont que quelques indications, mais elles pourraient vous être utiles." Là où les autres n'ont rien vu, lui a su regarder. Les indices parlent d'eux-mêmes. C'est si évident... Sherlock Holmes nous revient. Omnibus commence la publication d'une intégrale bilingue nouvellement traduite. Une de plus, pensera-t-on. Catherine Richard avait achevé la dernière en date au "Masque", il y a moins de cinq ans. Et que dire des traductions plus anciennes, comme celles de Bernard Tourville ou de Pierre Baillargeon ? Etait-il nécessaire de remettre l'ouvrage sur le métier ? Sans aucun doute, selon les spécialistes. "Depuis le 13 novembre 1894, date de parution du premier épisode du feuilleton Détective amateur, reprenant le texte d' Une étude en rouge, à la "une" du journal Le Temps (...), expliquait Thierry Saint-Joanis, président de la Société Sherlock-Holmes de France (Le Monde du 19 septembre 1997), on attend une traduction française qui respecte enfin le manuscrit original." ENCOMBRANTE MYTHOLOGIE On peut penser que les holmésiens orthodoxes seront cette fois satisfaits. Le postulat d'Eric Wittersheim est justement de proposer une traduction "littérale et fidèle" . De la rigueur avant tout. Son souci n'est pas d'affirmer son propre style mais bien d'être authentique. Pas si simple. "J'ai été stupéfait, dit-il, de découvrir que l'édition globale des aventures de Sherlock Holmes par une maison aussi prestigieuse que Penguin est, en fait, une version américaine. Le vocabulaire est arrangé. On a même rajouté quelques détails à sensation. Conan Doyle n'approuvait pas. J'ai voulu lui rendre justice." Sa base de départ a donc été ce que l'on pourrait appeler la v. o. en volumes. Les textes qu'après publication en feuilleton dans les colonnes du Strand Conan Doyle a corrigés et ordonnés pour en faire des livres. On parle ici du "Canon", cette oeuvre originale écrite par lui seul et qui court de 1887 à 1927, oubliant tous les écrits apocryphes, à commencer par ceux rédigés par son propre fils, Adrian, seul ou en collaboration avec l'écrivain anglo-américain J. D. Carr. Eric Wittersheim s'est attelé à ce travail avec une détermination toute scientifique. Il faut dire que ce jeune homme de 34 ans n'a pas vraiment le profil type du traducteur littéraire. Il est anthropologue et a aiguisé son anglais dans les revues, les communications et les ouvrages savants. Son terrain de prédilection : la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu. Il y mène une réflexion sur le passé colonial et l'entrée des Mélanésiens dans la modernité. Bien loin de Sherlock Holmes ? Allez savoir. Installés sous la véranda de sa maison de la banlieue parisienne, on découvre tout un bric-à-brac où s'entassent d'exotiques statuettes de bois, du mobilier de récupération, des livres, des plantes en pot, les jouets des enfants, des galets et des mosaïques. Un univers entre le logis tarasconnais de Tartarin et la communauté ardéchoise des années 1970. Le locataire du 221, Baker Street aurait adoré y fouiner. "J'ai découvert Sherlock Holmes, comme beaucoup, à l'âge de 12 ans. J'ai tout dévoré. Bien sûr, je ne peux pas dire que ces lectures ont été déterminantes dans ma vocation, mais je me suis rendu compte que j'ai appliqué la "méthode Holmes" à mes recherches. Observer. Déduire. Le moindre petit fait peut se révéler d'une extrême importance..." Six mois pour ce premier tome. Il en sort un héros tout neuf, comme débarrassé de son encombrante mythologie. "On l'imagine toujours enveloppé dans son McFarlane, la casquette à deux pans vissée sur la tête, poursuit-il. En fait, il n'enfile cette panoplie que très rarement. Regardez les illustrations de Sydney Paget pour le Strand reproduites dans le livre. C'est un homme jeune et bohème. Tout juste 30 ans au début. C'est comme Watson, qu'on a toujours tendance à voir comme un bon vieux papy. En fait c'est un sacré gaillard..." La geste de Sherlock Holmes, commencée à l'ère victorienne, avance dans l'époque édouardienne pour s'achever avec la première guerre mondiale. Ce sont les colonies et l'empire. Les premières désillusions. Le monde évolue, les deux personnages créés par Conan Doyle aussi. Ils s'inscrivent dans une époque en route vers des changements radicaux. Si Sherlock Holmes ne remet pas en cause le système, il ne se situe pas du côté des puissants. Il aurait plutôt tendance à faire payer les riches et à être très compréhensif pour ses honoraires avec les gens modestes. A l'aise partout (il endosse un nombre incalculable de travestissements), il se situe à part. Seuls comptent pour lui la résolution des mystères et le sens de la justice. Il croit en la victoire du progrès, au règne de la raison. Et Eric Wittersheim de nous faire retrouver un Conan Doyle qui sut aussi s'engager en son temps. Il le replace contemporain et proche de Wilde, de Jerome K. Jerome. Il tire des parallèles troublants avec Emile Durkheim. Et cela donne envie d'aller à la rencontre de ses autres textes. Car la traduction met en lumière une écriture efficace. Une étonnante force narrative. "On n'est jamais repu par le style, explique-t-il. On va toujours jusqu'au bout de l'histoire." Il faudra attendre 2006, puis 2007, pour que paraissent les prochains tomes. On a hâte. Vraiment hâte.

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LES AVENTURES DE SHERLOCK HOLMES. Tome I. Une étude en rouge. Le Signe des quatre. Les Aventures de Sherlock Holmes. Les Mémoires de Sherlock Holmes (1re partie), d'Arthur Conan Doyle. Ed. intégrale bilingue en trois volumes. Nouvelle traduction d'Eric Wittersheim, Omnibus, 1 096 p., 23,50 €. (Tomes II et III à paraître en 2006 et 2007.) Xavier Houssin Article paru dans l'édition du 30.09.05